Dans mon dernier billet, je mentionnais l’importance qu’avaient, dans ma pratique, les aspects de moshotuku (être sans but) et de zanshin (être ouvert, disponible). Dans ce même ordre d’idée, j’aimerais vous partager, dans ce nouveau billet, la valeur qu’a le gasshô dans ma pratique quotidienne.
Le gasshô est la salutation traditionnelle utilisée dans plusieurs disciplines orientales. On l’effectue en inclinant doucement le buste vers l’avant, les mains jointes à la hauteur de la poitrine, sans empressement ni rigidité. C’est un geste d’humilité et de respect, qui nous invite à rester présents et à prêter attention à ce que nous faisons.
J’aime bien cette pratique, car elle me donne l’impression de respecter les origines de mon art et de participer à une tradition encore bien vivante de nos jours. Il est intéressant de noter que l’origine latine du mot « salut » vient de saluto (qui veut dire préserver, garder sain et sauf) et de sano (qui signifie rendre sain, guérir, réparer). N’est-ce pas fascinant de penser qu’en saluant consciemment nos clients, nous leur souhaitons par le fait même santé et harmonie?
Prendre quelques instants pour faire gasshô m’aide à marquer une pause entre mes activités précédentes et la rencontre qui se prépare entre mon client et moi. C’est un moment privilégié pour faire le silence en moi afin d’être disponible et à l’écoute de l’autre. En d’autres mots, faire le gasshô me permet de remettre les pendules à l’heure! C’est également une façon agréable d’unifier et d’harmoniser mon Ki, mon Yin et mon Yang, mes Kyo et Jitsu et mes oppositions passagères du moment.
Faire gasshô est un geste profondément personnel qui permet – lorsqu’il est fait avec conscience – de rassembler son Ki et d’être accessible à ce qui se présente. Exécuter discrètement ce salut en début de rencontre me permet de mettre en place les conditions nécessaires à l’expression de moshotuku et de zanshin. De plus, faire gasshô est une merveilleuse façon de reconnaître le potentiel de guérison et de mieux-être de mes clients. Ce salut traditionnel n’est pas une simple formalité pour moi, mais bien un rappel que je ne suis qu’un instrument et que les vraies réponses sont déjà présentes chez l’autre. Enfin, j’aime bien penser que toutes les fois que je me penche vers mon client pour effectuer un appui, j’exécute en quelque sorte un mini gasshô. Un salut subtil, mais bien réel.
Gasshô est également un geste de gratitude et d’humilité qui me donne le sentiment d’entrer en contact avec l’énergie du sol, de travailler en synergie avec l’énergie de la terre mère. Cette terre qui est le support physique et énergétique de toutes mes interventions. Ce n’est pas un hasard si le shiatsu se pratique au sol; c’est un art qui puise ses racines dans le contact intime avec l’énergie de la terre.
Enfin, faire gasshô me permet de clore mes rencontres en faisant une démarcation claire entre le shiatsu que je viens de donner et le retour à la vie courante. Je profite souvent de cet instant pour exprimer ma gratitude pour cet échange énergétique et les apprentissages que j’en ai tirés.
Et vous, effectuez-vous gasshô au début et à la fin de vos shiatsus? Pensez-vous que la pratique du gasshô mérite toujours une place importante dans la pratique contemporaine du shiatsu?
Conseil d’un vieux routier!
La pratique de gasshô minimise la séparation entre moi et l’autre, tout en me permettant de définir mon espace personnel. En d’autres mots, le gasshô permet d’aller vers l’autre pour aller vers soi. Toutes les rencontres étant uniques, faire ce salut me donne la possibilité d’en reconnaître et d’en apprécier les nuances et la diversité. En passant, il n’est pas toujours nécessaire de faire l’inclinaison au complet. Ce qui compte, c’est l’intention. Faire une pause en faisant le geste mentalement est tout aussi valable, pourvu que votre intention soit juste.
Il y a quelques années, la traduction du film français « les choristes » était en japonais
GASSHO (faire cœur)
Merci de cette belle information Vonnick, j’aime bien cette traduction et l’idée de la participation de l’énergie du coeur !
Ça fait plein de sens !
Dans la position Gasshô, on peut imaginer que les bras forment un cercle, le cercle de vie. L’énergie peut circuler d’une main vers l’autre mais en suivant ce cercle. Sur son trajet, en face des mains, obligatoirement l’énergie passe par le cœur.
L’énergie de guérison est aussi l’énergie du cœur, qui est retransmise aux mains.
Merci Sensei de mettre autant de cœur dans ce que tu nous enseignes.
Merci de ton commentaire Yannick et Gasshô à toi ! 😉
Je rejoins Yannick, car c’est exactement la perception que j’ai eu en lisant votre texte. J’ai de suite visualisé « Maître Cœur » sur « Maitre Cœur » par les paumes de mains jointes, permettant de créer un circuit interne (centrage, circulation de sa propre énergie), et donc amorce de la qualité du cœur pour donner à l’autre.
Je fais un parallèle avec le karaté, où le « mokuso » (partie silencieuse effectuée en seiza ) s’enchaine avec le « Rei » (salutation du maître, du professeur et de l’ensemble des élèves) en début et fin de séance.
Merci Christine pour cette image de l’implication du Maître Coeur dans Gasshô.
Parfois en faisant Gasshô, je pratique une légère pression des jointures des pouces sur VC17 pour justement amplifier cette connexion entre le MC et mon intention d’ouverture à l’autre.Tout est en tout n’est-ce pas !
Bonjour Stephane
Je ne fait pas du Shiatsus je suis ostéopathe, et oui moi aussi de demande et je remercie cette personne qui est devant moi. Je suis consciente qu’elle a tout ce qu’il lui faut pour avoir une belle guérison. Je ne suis qu’un instrument comme tu le dit si bien.
Nous sommes un tout, donc ayons respect les uns envers les autres. Les gens qui viennent nous voir, quelquefois se la font dure, et ils n’ont pas besoin que nous en mettions encore plus. Douceur et respect
Comme tu le dis si bien, douceur et respect. Il y a rien à rajouter ! Merci Renée.
Merci pour « l’éclairage » de ce geste qui m’est quotidien mais pas vraiment aussi explicité; je retrouve bien mes intentions décrites ici.
en Watsu nous saluons aussi l’espace et l’Eau qui va nous aider dans notre approche.
Merci pour ce joli texte qui me permet de mieux comprendre ce mot utilisé par certains mais peu expliqué. Suffit-il de dire pour comprendre…
Bonjour Fred, Quel est ce mot sur lequel tu t’interrogeais ?