Jean Marc Weill sera parmi nous dans quelques semaines pour animer un atelier sur l’utilisation des Merveilleux Vaisseaux dans le cadre de la pratique du shiatsu. Formateur et enseignant recherché, il partage son temps entre sa pratique privée et l’enseignement professionnel du shiatsu en Europe, principalement à Paris, à Bruxelles et en Guyane.

C’est en toute simplicité qu’il a bien voulu répondre à quelques questions concernant son parcours de vie et son cheminement professionnel. Merci à Jean-Marc de s’être livré à ce petit jeu des questions-réponses, car cela m’a permis de découvrir un parcours de vie fascinant et une remarquable philosophie de la pratique du shiatsu.

Je vous invite à découvrir l’homme engagé et l’enseignant enthousiaste, qu’est Jean-Marc Weill.

Bonne lecture !

 

1) Quel est ton « background » ?

J’ai fait beaucoup de choses différentes. J’ai d’abord été danseur classique en tournée constante dans le monde. J’ai voulu ensuite pouvoir choisir ma reconversion, ce qui est toujours difficile pour les danseurs. Je suis retourné aux études et avec beaucoup d’effort j’ai passé un Master de finance. J’ai ensuite travaillé dans la gestion culturelle avant d’ouvrir une société de communication. Mais tout ce business n’était pas fait pour moi, je suis retourné au « corps ». Je me suis ainsi lancé en parallèle dans les études du Shiatsu et de Médecine Traditionnelle Chinoise avec un médecin cardiologue chinois pour des années de découvertes. J’ai également étudié pour devenir Sophrologue, tout d’abord pour mon équilibre personnel, mais aussi pour ma pratique.

2) Qu’est-ce qui t’a amené à l’étude du shiatsu ?

Ce retour au corps s’est combiné à des valeurs profondément ancrées en moi. Je viens d’une famille de médecins, sur plusieurs générations. Je parle des médecins d’avant, disponibles à toutes heures, qui dédiaient leur vie aux autres. J’ai « baigné » dans ces vies dévolues aux autres. À mon tour, j’ai senti que la relation d’aide était une chose à laquelle je voulais vouer ma vie. Et, je me suis rappelé les séances de shiatsu que j’avais reçues dans les années 80. Cela a fait sens juste avant la quarantaine, je me suis lancé dans cette voie.

3) Quelle a été ta motivation à poursuivre par la suite ?

J’ai vite été confronté à une étape à laquelle nous faisons tous face : l’impossibilité de tout savoir et de tout apprendre et de se rendre compte que nous restons au final toujours des débutants. J’ai accepté cet état de fait et j’ai décidé de continuer sans relâche à apprendre et à développer mon expérience. Une façon pour moi de vivre pleinement le moment présent de l’étonnement perpétuel !

4) Qu’est-ce que tu aimes le plus de ta pratique professionnelle du shiatsu ?

L’aspect qui me plaît le plus, c’est la rencontre, et le dialogue non verbal du traitement. Cet échange sans cesse renouvelé avec « l’humain ». Chaque personne est un monde nouveau, chaque séance est une expérience nouvelle ! Quelle découverte étonnante de l’Univers à chaque instant. Dans mes nombreuses lectures, j’ai lu un jour : « vous ne soigner pas avec vos mains et vos aiguilles, vous êtes l’aiguille », c’est cette relation humaine unique qui à un moment de la séance fait sens, qui m’interpelle.

5) Comment ta pratique professionnelle s’est-elle transformée au fil des années ?

Je suis passé d’un monde intellectuel et d’un savoir docte à l’expérience de l’interaction vraie avec l’humain. On commence souvent tous ainsi, le savoir, c’est rassurant, mais c’est loin d’être suffisant. Au fur et à mesure, ce savoir s’intègre pour revenir à la simplicité du geste et à la justesse de l’échange. En avançant chaque jour, je tends vers l’idéal (qui ne sera jamais atteint) de la compréhension holistique rapide des déséquilibres, un travail sans fin.

teaserbox_14187993

6) As-tu le souvenir d’une rencontre thérapeutique particulièrement significative pour toi ?

Une des périodes les plus fortes pour moi a été l’accompagnement d’une personne atteinte d’un cancer du pancréas, jusqu’à la fin. Ce fut une remise en question perpétuelle de cette relation d’aide : que faire, comment être dans un échange riche et fort humainement, dans l’instant présent. Que de fois je me suis interrogé sur mon rôle et sur ce que je pouvais apporter à cette personne. Cela a été une leçon inoubliable pour moi. Je pense à cette personne tous les jours.

7) Le travail de thérapeute est souvent solitaire, que fais-tu pour équilibrer cet aspect de ton travail ?

Tous les mois, je vais travailler avec une équipe dans un spa, j’y fais du shiatsu et également du massage. Cela me permet d’échanger avec mes collègues, d’apprendre d’eux… Et d’être aussi, une personne dans une équipe, cela me remet à ma juste place.

8) Quelle recherche fais-tu afin de nourrir ta pratique professionnelle ?

Rire… J’enseigne ! Enseigner c’est apprendre, savoir expliquer quelque chose 15 fois différemment permet d’atteindre cette simplification salvatrice. C’est donc les étudiants qui me font sans cesse avancer et repousser les limites, me remettre constamment en question. Bien sûr, tous les jours, je lis et j’étudie la médecine orientale. Mon studio de travail qui se trouve au 2e étage risque un jour de s’écrouler du au poids de tous les livres qui s’accumulent…

9) Comment gardes-tu ton enthousiasme et ta passion face à ta pratique professionnelle ?

Tous les jours, je me lève pour ma passion, tous les jours je me sens l’excitation du débutant et tous les jours je retourne à l’école. Tellement peu de gens vivent de leur passion et travaillent juste pour vivre : ce n’est pas une richesse enthousiasmante ? Puis, je lis, je fais de la recherche et j’essaie d’en faire la synthèse pour l’oublier pendant ma pratique… Je m’enthousiasme aussi autour du temps : je peux ne pas comprendre une idée théorique…puis un jour, deux mois, quelques années après, soudain : mais oui cela devient une évidence… Quelle chance, une pratique professionnelle dans laquelle, justement, on a le temps !

10) Quel est le meilleur conseil que tu aurais à offrir à quelqu’un qui débute sa pratique ?

La passion, la patience et l’étude! Au début, on est impatient de tout et on pense que notre chemin doit se faire en ligne droite et vite. Non, il faut profiter des détours, des retours en arrière, des ralentissements. Puis, il ne faut jamais arrêter de lire et d’étudier, pas seulement l’énergétique orientale, mais aussi la psychologie et tout ce qui gravite autour de notre pratique.

Crédit photo: Cordula Quadt – Amsterdam