Une posture juste devrait, selon moi, être au cœur du travail de tout thérapeute en shiatsu. C’est pourquoi j’ai développé une classe de maître sur la posture, que j’offrirai pour la première fois à Pont-Aven, en Bretagne, à l’été 2016. Comme je tenais à vous donner un avant-goût de ce nouvel atelier, je vous ai préparé ce billet sur la posture dans la pratique du shiatsu. Bonne lecture!

Tous mes maîtres en shiatsu m’ont inculqué, chacun à leur façon, l’importance d’une bonne posture. Aujourd’hui, c’est à mon tour de porter le bâton du pèlerin! Ainsi, lorsque j’enseigne le shiatsu, que ce soit en première année, en deuxième année ou lors de classes de maître, j’insiste toujours sur les cinq principes de base du shiatsu, à savoir :

  • être présent;
  • être confortable;
  • utiliser son hara;
  • utiliser sa respiration pour créer un rythme;
  • travailler avec ses deux mains.

Ces cinq principes sont à la fois les piliers et la manifestation d’une bonne posture. Si notre posture n’est pas juste, nous aurons du mal à appliquer ces principes. Par ailleurs, plus nous nous efforçons d’appliquer ces principes, plus notre posture risque d’être juste.

Lorsqu’on commence à pratiquer le shiatsu, il est normal que l’intégration et l’application de ces principes demandent beaucoup d’attention et d’efforts. Mais si l’on persiste, ces mêmes principes finiront par contribuer à une posture souple et dynamique, nécessaire à une saine pratique du shiatsu.

Avec le temps, l’apprentissage de ces principes permet de passer graduellement d’une pratique fondée uniquement sur le « savoir-faire » à une pratique fondée davantage sur le « savoir-être ». Un passage non seulement naturel, mais nécessaire. Attention! Il ne s’agit pas d’atteindre la posture parfaite. L’objectif est plutôt de trouver une posture juste, une posture à votre image, qui vous permettra de pratiquer votre art avec souplesse, équilibre et fluidité.

La posture, toute une histoire!

Il est important de se rappeler que notre posture est l’expression globale de notre histoire, de notre culture et de notre milieu social. Elle est la somme de nos expériences, de nos émotions, de nos croyances et de nos aspirations. Par conséquent, chercher à améliorer notre posture uniquement par des moyens extérieurs et mécaniques, sans tenir compte de la totalité de notre être, risque de ne pas donner les résultats escomptés.

Essayer d’adopter une bonne posture en se tenant les fesses serrées, le dos droit, les épaules vers l’arrière et le menton rentré ne fait souvent qu’augmenter les tensions déjà présentes dans nos structures musculaires et articulaires. Notre posture est le reflet de nos habitudes et de nos activités quotidiennes. « Corriger » notre posture devrait donc toujours commencer par une prise de conscience de notre façon d’habiter notre corps.

Prêcher par l’exemple

Le temps que nous prenons pour développer une posture juste et être bien dans notre corps est essentiel, car nous ne pouvons offrir aux autres ce que nous ne faisons pas pour nous-mêmes. Trop souvent, nos interventions se concentrent uniquement sur le bien-être du client, alors que la clé se trouve d’abord et avant tout en nous-mêmes, en notre capacité d’incarner l’aisance et le bien-être.

L’objectif du shiatsu consiste à libérer les tensions (Jitsu) et à remettre l’énergie en mouvement de façon à nourrir les points et régions Kyo et à redonner au corps sa vitalité, son tonus et sa souplesse. Si notre posture est contractée et tendue (Jitsu), il est beaucoup plus difficile de transmettre la détente et l’ouverture au corps sur lequel nous intervenons. L’invitation au lâcher-prise doit venir de notre propre corps, si nous voulons qu’elle soit réellement efficace. Cette congruence corporelle est la base de la communication authentique par le toucher.

Les avantages d’une bonne posture sont nombreux. En voici quelques-uns :Pos_A-1

  • éviter de créer des tensions inutiles;
  • réduire le risque de développer des problèmes posturaux importants;
  • travailler avec plus de fluidité et d’aisance;
  • améliorer la qualité de notre présence à l’autre;
  • moins nous fatiguer et être plus « performant »;
  • pratiquer le shiatsu pendant de longues années, avec plaisir et aisance.

Se concentrer, ce n’est pas se contracter!

Vous est-il déjà arrivé de faire une lecture du hara en ayant une tension désagréable au bas du dos? Avez-vous déjà eu une tension aux épaules, qui augmentait au fur et à mesure de vos interventions durant la journée. C’est justement ce type de tensions et d’inconforts qui m’ont obligé, après plusieurs années de pratique, à me questionner sur ma posture et, surtout, sur ma façon d’utiliser mon corps.

J’ai réalisé que bien souvent, malgré toute ma bonne volonté, je travaillais en contraction. En d’autres mots, j’avais les lombes tendus, le buste courbé, les épaules enroulées vers l’avant et la tête penchée.

En observant ma posture, je me suis rendu compte que plus elle était détendue et juste, plus j’étais en mesure de percevoir le mouvement des méridiens et de m’y ajuster pour offrir le meilleur shiatsu possible.

L’ABC d’une bonne posture

Mais quelles sont les bases d’une bonne posture? Comment puis-je incarner davantage ce que je souhaite communiquer à mes clients?

Une bonne posture, dans le cadre de la pratique du shiatsu, pourrait se résumer ainsi : l’alignement naturel des trois courbes du rachis (la nuque, le haut du dos et les lombes). De plus, une bonne posture devrait provoquer une pression minimale sur les tissus et les muscles qui soutiennent la colonne vertébrale. Enfin, et surtout, elle devrait permettre une utilisation souple, équilibrée et coordonnée du corps.

Voici quelques points à retenir pour une bonne posture :

  • le dessus de la tête (VG 20) dirigé vers le ciel;
  • la nuque longue et détendue;
  • le menton parallèle au sol;
  • la mâchoire relâchée;
  • les épaules détendues;
  • le dos long et large;
  • le chakra du cœur légèrement ouvert;
  • le sternum et le pubis alignés;
  • la courbe lombaire soutenue sans effort;
  • les ischions bien dirigés vers le sol (VE 36);
  • les genoux légèrement fléchis;
  • notre poids réparti également sur chaque pied (Re 1);
  • une respiration libre et continue.

Attention, lorsqu’il est question de posture, le diable est dans les détails! Garder le dos long et large ne veut pas dire se cambrer, mais bien inviter un mouvement doux et graduel d’élongation du dos, ce qui exige lenteur et finesse. Ouvrir légèrement le chakra du cœur ne signifie pas de propulser ses épaules vers l’arrière. L’important, c’est l’intention. Il ne faut pas chercher à agir de façon volontaire, mais plutôt inviter le mouvement avec conscience.

Si le travail de la posture éveille en vous un intérêt sérieux, je vous invite à travailler avec un professionnel qui pratique des approches comme la technique Alexander ou la méthode Feldenkrais, pour ne nommer que celles-ci. C’est ce que j’ai fait et continu à faire avec enthousiasme!

Conseil d’un vieux routier!

L’apprentissage d’une posture juste est un travail quotidien. Je vous invite donc à prendre quelques secondes plusieurs fois par jour pour observer votre posture et vos sensations. De cette façon, vous pourrez effectuer de micro-corrections qui auront, à la longue, un impact global sur votre posture de travail. N’hésitez pas, également, à vous réserver des moments de détente et d’étirements entre chaque client. Vous lever, marcher, vous étirer vers l’arrière, et pratiquer quelques mako-ho (étirements des méridiens) vous aidera à ne pas entretenir des tensions posturales inutiles.

Avertissement
Ce billet se veut purement informatif. Pour toute interrogation concernant l’état de votre dos ou de votre colonne vertébrale, consultez votre médecin ou un professionnel de la posture.

* Un grand merci à Erik Ouellet pour les magnifiques croquis.