Vous avez sûrement déjà vu des pratiquants d’arts martiaux effectuer des routines à mains nues contre un ou plusieurs adversaires imaginaires. Ces routines – qu’on appelle katas en japonais – ont notamment pour objectif de développer la dextérité et le savoir-faire du pratiquant.

En shiatsu, l’enseignement passe également par l’étude et l’application de formes préétablies. L’étude de katas a pour objectif de soutenir l’apprentissage des fondements de notre art et de favoriser une saine pratique du shiatsu. L’apprentissage de ces katas permet également d’améliorer la coordination, la souplesse, la fluidité et la présence des shiatsukas.

Apprendre un kata, c’est comme apprendre à faire de la bicyclette! Au début, tout est exigeant, puis soudain le plaisir et le contentement font place au travail et aux difficultés.

Au final, le shiatsuka acquiert plus de fluidité, de souplesse, de dextérité et, surtout, une plus grande présence à lui-même et à l’autre.

Je ne pourrai jamais trop insister sur cet aspect : l’étude des katas vise à accroître la capacité du donneur à être présent à lui-même pour ensuite offrir cette présence au receveur. Il ne faut pas se leurrer, le travail avec le Ki demande une présence et une constance qui, sans la pratique des katas, sont très difficiles à développer. Cet apprentissage est primordial pour permettre une ouverture du donneur à cette réalité subtile, mais tangible, qu’est le travail sur les méridiens.

D’un côté plus terre à terre, la pratique des katas permet de prévenir les blessures causées par les mauvaises postures lors des manœuvres. Faire un kata, c’est prendre soin de soi en étirant et en mobilisant notre corps. La pratique du shiatsu doit être bénéfique pour le donneur en premier lieu!Photo Kata: Shiatsu: Gabrielle.

Ce qui est formidable, c’est qu’en pratiquant nos katas nous faisons appel à la mémoire du corps. Le corps apprend lentement, mais sûrement! Une pratique assidue des katas favorise donc une intégration continue des mouvements propres à notre art. De plus, apprendre un kata, c’est se « connecter » avec l’héritage que les maîtres en shiatsu nous ont légué. J’éprouve une grande fierté et énormément de gratitude à l’idée de pouvoir pratiquer et incarner des katas élaborés par de grands maîtres comme Sensei Masunaga ou Sensei Yamamoto.

Il y a quelques années, j’en ai entendu une entrevue avec un grand interprète de musique classique. Il disait que lorsqu’il préparait un récital de Mozart, il devenait en quelque sorte Mozart en raison des longues heures de préparation et de pratique quotidienne des pièces qu’il devait maîtriser. Le fait de jouer les compositions de ce grand maître pendant des mois influençait jusqu’à son humeur et sa façon d’être et de percevoir les choses. C’est comme s’il était possédé de l’âme du compositeur!

Je crois que la pratique des katas a un peu le même effet sur nous, thérapeutes en shiatsu. Ils nous permettent d’accéder à une façon de faire et d’être qui dépasse le temps et l’espace. Cette connexion extraordinaire justifie pleinement, selon moi, l’étude et la pratique de ces routines toujours pertinentes et d’actualité.

Je crois également qu’il est important d’inclure régulièrement quelques enchaînements de katas dans nos interventions afin de ne pas les oublier et de les garder bien vivants. Il m’arrive, par exemple, de faire le kata du dos que j’enseigne en première année avant de travailler une Vessie Jitsu. L’utilisation de manœuvres d’un kata peut très bien précéder ou suivre le travail sur un méridien et, ainsi, accroître l’efficacité de notre intervention. Le recours à des parties de kata permet d’enrichir et de varier le contenu de nos séances.

Dans mon prochain billet, je parlerai des étapes prévisibles de l’apprentissage et de la pratique des katas en shiatsu. Et vous? Comment avez-vous vécu (ou vivez-vous encore!) l’apprentissage et la pratique des katas en shiatsu?