Pour une première fois au Québec nous aurons l’honneur d’accueillir Frans Copers, qui sera parmi nous pour enseigner deux ateliers exceptionnels. Formateur chevronné et enseignant recherché, Frans Copers enseigne un peu partout en Europe. Il est également co-fondateur de la Fédération Belge de Shiatsu, dont pendant plus de 20 ans, il fut son président. Par la suite, pendant 4 ans, il remplit les mêmes fonctions pour la Fédération Européenne de Shiatsu.

 C’est en toute simplicité qu’il a bien voulu répondre à quelques questions concernant son parcours de vie et son cheminement professionnel. Merci à Frans de s’être livré à ce petit jeu des questions-réponses, exercice qui vous permettra j’en suis sûr de découvrir un homme passionné de son art et toujours en quête de réponse.

Bonne lecture !

Aspects personnels

1) Quel est votre parcours?

Après deux années d’études en médicine (moderne), j’ai rencontré le docteur Marc van Cauwenberghe qui m’a introduit à la macrobiotique et à la médicine du Japon et de l’Orient. Cela me semblait plus intéressant, plus naturel et plus fondamental. J’ai décidé alors de changer de direction et de continuer sur cette route.

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Michio Kushi à Boston

2) Qu’est-ce qui vous a amené à l’étude du Shiatsu ?

J’ai commencé à travailler (secrétaire, chauffeur de taxi…) pour pouvoir aller en Amérique et étudier avec Michio Kushi à Boston. Là-bas, il y avait entre autre des cours de médicine chinoise et de Shiatsu, que j’ai suivis à titre personnel, pour l’utiliser en famille.C’était en 1972 et 74. Peu à peu, mon intérêt a grandi. J’ai rencontré plusieurs maitres de Shiatsu comme Shizuko Yamamoto, Ohashi, Harada et Kawada sensei. Je suis devenu professionnel après mon séjour au Japon (1984) où j’ai étudié au centre Iokai avec Kimura sensei (surtout) pendant 7 mois…

3) Quelle a été votre motivation à poursuivre dans le domaine ?

Après mon retour de l’Amérique en 1974, j’ai d’abord ouvert un Restaurant Végétarien/ Macrobiotique à Gand (Belgique) et je donnais en même temps des consultations, quelques traitements et des cours d’initiation. Après avoir vendu le restaurant qui avait beaucoup de succès (à la fin nous recevions plus ou moins 300 personnes par jour), je suis parti pour le Japon. À mon retour, je me sentais prêt à pratiquer d’une façon plus professionnelle. Bien sûr, une fois ma profession choisie, je voulais soutenir les gens à trouver leurs propres équilibres alimentaire et énergétique et leur donner le plus de moyens possible afin de gérer leur santé eux-mêmes, dans l’esprit de ‘Healing Ourselves’ de Muramoto sensei. C’était nouveau, un aventure plutôt fascinante. En ce temps-là, on voulait changer le monde !

4) Avez-vous le souvenir en tant que thérapeute d’une rencontre thérapeutique particulièrement significative pour vous ?

Il y en a trop pour toutes les nommer! Aussi bien mes réussites que mes échecs me sont chers. Ils m’aident à rester humble et pratiquer le ‘Beginners Mind’.

5) Quel est le meilleur conseil que vous pourriez offrir à quelqu’un qui commence sa pratique.

Etudiez et restez curieux, mais surtout pratiquez, pratiquez et pratiquez encore. D’abord sur les amis, la famille et, par la suite, sur des gens de l’extérieur. Développez vous vous-même, avec l’aide de vos instructeurs et échangez vos expériences avec vos partenaires étudiants. Ne pensez jamais que les études sont terminées!

6) Vous avez souvent voyagé au Japon. Pourquoi un tel intérêt à visiter ce pays régulièrement ?

C’est mon avis que c’est au Japon qu’on trouve les racines du Shiatsu et que, pour bien le comprendre, il est intéressant d’étudier et même pratiquer les coutumes et arts de ce pays et de ces habitants, comme le Cha Do (cérémonie de thé),  les arts martiaux, l’Ikebana (l’arrangement floral) et autres… En fait, au moins un voyage au Japon devrait faire partie intégrante, à mon avis, de la formation de base de chaque thérapeute! Aussi, je me suis fait pas mal d’amis là-bas et, si je suis trop longtemps sans y aller, je me sens « homesick » et nostalgique.

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Michio Kushi

7) Parmi tous les professeurs avec lesquels vous avez étudié, y en a-t-il un qui vous a particulièrement influencé dans votre évolution en tant que thérapeute ?

Plusieurs, mais je dois avouer: Michio Kushi et Akinobu Kishi ont eu la plus grande influence sur moi. Kushi  parce qu’il m’a initié à la médicine de l’Extrême Orient et Kishi parce qu’il m’a aidé à vraiment approfondir mon travail et ma profession. De Kushi à Kishi on pourrait dire!

8) Quelle est votre vision globale du futur du Shiatsu ?

Le shiatsu est une méthode tellement complète et vaste ; il se pratique aussi bien en famille que dans une situation professionnelle. Il est basé sur des principes stables et en même temps possède une flexibilité énorme qui lui permet de développer et de s’adapter aux changements. Aussi, je vois que les praticiens sont très doués et motivés… Il y a des congrès, des rencontres, des échanges, toutes sortes d’organisations…. Cela donne beaucoup d’espoir! Il me semble que « The best is yet to come! »Le meilleur reste à venir !

9) Y a-t-il une citation que vous aimez particulièrement ?

Plusieurs…

«Wipe out the past!», Michio Kushi (Seishoku/Macrobiotics)

«It is not always sure who treats who!», Kishi Akinobu (Seiki)

«One can use the points to kill or to heal!», Harada Kojun (Jigen Ryu)

«We can not always cure but we’d always care!», A female MD at a meeting in the EU Parliament.

10) Après toutes ces années, qu’est-ce que la pratique du Seiki vous apporte encore au niveau personnel ?

De la joie! Bien sûr,  Shiatsu/Seiki est ma profession et je gagne ma vi grâce à lui. De plus, je me rends compte tous les jours que mon travail me soutient dans mon développement personnel et même mon développement  spirituel.

Aspect professionnel

1) Qu’est-ce que la pratique du Sotai peut apporter à quelqu’un qui pratique le shiatsu ou la massothérapie ?

Le Sotai est un instrument efficace, pratique et facilement utilisable, non seulement pour corriger des problèmes musculo-squelettiques, mais aussi par la technique de respiration profonde  pour débloquer des tensions émotionnelles et mentales. Le client apprend à mieux respirer et coordonner sa respiration avec ses mouvements et actes. Dans ma pratique j’ai aussi constaté que le Sotai n’as pas seulement un effet direct sur la structure anatomique d’un client, mais en même temps influence l’homéostasie au niveau des organes. Ainsi, le Sotai contribue à un fonctionnement plus efficace du métabolisme. Un instrument -à mon avis- indispensable pour un Shiatsu shi thérapeutique!

2) Comment la pratique du Seiki a influencé votre compréhension du travail avec le Ki ?

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Kishi Akinobu (Seiki)

Grâce au Seiki, j’ai vraiment  découvert  la pratique et l’usage du Ki dans mes traitements. Auparavent, je n’avais jamais éprouvé le KI si intensément et le Ki n’était rien de plus qu’un concept, une idée…  Après ma rencontre avec Kishi sensei, c’est devenu une réalité qui me permettait d’améliorer ma pratique à grands pas, je dirais même des pas géants. En même temps, le Seiki a nettement contribué à mon développement comme praticien et être humain.  Aussi, au niveau pratique, le Seiki m’a été bien utile. Autrefois,  les traitements de Shiatsu avaient tendance à me fatiguer même m’épuiser. Depuis que j’ai commencé à pratiquer le Seiki, je me sens énergisé.  Comme Kishi sensei le disait parfois: «It is not always sure who treats who!» Il est clair que les ateliers de Seiki servent non seulement à apprendre des techniques, mais aussi à se débarrasser de tensions internes qui freinent  le développement du praticien. Certainement, le Seiki est -à mon avis- aussi indispensable à l’entrainement du praticien de Shiatsu qu’à son développement technique et humain.

3) Qu’est-ce que vous aimez le plus de la pratique professionnelle du shiatsu ?

Elle me donne l’occasion de mettre en pratique tous mes idéaux. C’est une méthode qui se base sur  la communication, souvent non verbale, et qui me convient personnellement beaucoup autant qu’à mes clients. Une véritable situation dite «gagnant/gagnant. »

4) Le travail de thérapeute est souvent solitaire. Que faites-vous pour équilibrer cet aspect de votre travail ?

Quand on fait partie de la communauté du Shiatsu et qu’on s’engage dans le mouvement, on n’est pas seul du tout! J’enseigne le Shiatsu, le Seiki et le Sotai, ce qui me donne l’occasion de rencontrer beaucoup de gens jeunes et moins jeunes et cela me garde jeune. Aussi, j’ai une vie de famille stable et chaleureuse. De plus, je  pratique l’aïkido et j’ai plein d’amis. Ma femme est architecte d’intérieur et avec elle je m’intéresse à l’architecture moderne et écologique (et japonaise: le Japon étant devenu une sorte de hobby. J’ai au moins 500 livres sur ce sujet). Un peu moins qu’avant… Depuis ma retraite officielle, je suis aussi actif au niveau politique en Belgique et surtout en Europe pour faire du travail de « lobbying » afin de promouvoir le Shiatsu et les médecines douces dans nos sociétés.

Concernant comment prendre soin de soi en tant que thérapeute, un conseil tout simple: prenez au moins un jour par semaine pour vous dédier à la nature (ou Dieu) et à la famille. Aussi deux semaines de vacances par année, n’est certainement pas trop pour prendre un peu de distance et refaire le plein.

5) Quelle recherche faites-vous afin de nourrir votre pratique professionnelle 

Je lis beaucoup, je rencontre et discute avec mes confrères sans cesse, je fais des exercices tous les jours et je pratique… Chaque  traitement est une méditation ; alors, je ne sens pas le besoin de méditer davantage.

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Frans Copers

6) Comment votre pratique professionnelle s’est-elle transformée au fil des ans ?

J’arrive à avoir plus de résultats en faisant moins. «Less is more» et «Doing by not doing»! En faire moins pour plus de résutat!

7) Comment gardez-vous votre enthousiasme et votre passion dans votre pratique professionnelle ?

Le Shiatsu est mon travail et mon hobby et il ne me fatigue jamais ou presque : parfois mais seulement pour une courte période.

Je me réjouis de mon travail et de l’impact qu’il a sur mes clients. Impossible d’arrêter ce qui me donne tellement de satisfaction! Au contraire, la pratique me manque parfois pendant les vacances! Aussi, je suis en bonne santé et j’aime être utile à autrui,  rester actif et travailler. Pour moi, le travail n’est pas une punition comme la Bible le dit!

Bien qu’officiellement j’ai pris ma «retraite», je ne me vois pas dans mon fauteuil résoudre des Sudoku ou des mots croisés. Il semble même que parfois mon enthousiasme surprend encore aujourd’hui certains de mes étudiants! Mais quand on a découvert un tel  trésor: comment perdre son enthousiasme?

Un grand merci M.Copers!